La Mémoire du Sol Il existe un moment de vérité absolue partagé entre l’Art et l’Architecture, une épiphanie où l’homme essaie de contrôler poétiquement l’immensité inhappréhendable et de s’établir dans un lieu selon des rites ancestraux. De façon plus ou moins intuitive, l’homme définit son territoire et établit des limites perméables qui le situent par rapport aux «autres». Ce premier geste «architectural» net et précis, ce tracé de bords gravé au Sol, ce «moment fondateur» par sa radicalité rare, est devenu le moteur de mes recherches. Mes expériences en tant qu’Architecte franco-chilien, né en plein désert d’Atacama, ma passion pour l’Archéologie et le choix de la Gravure ont été conditionnés par cette volonté de reconstruire une histoire damée sous les strates, par le besoin de dépoussiérer les vestiges corrodés, de faire parler les ruines et les territoires épuisés pour comprendre l’évolution urbaine et sociale des lieux à travers le «résidus bâti». La Gravure, comme l’Architecture, appartient au TEMPS et à l’Espace. Je propose une approche mémorielle et archéologique du sol, entre vue aérienne et fouille du terrain. Mes travaux constituent des profondes réflexions spatiales, des véritables «constructions» stratifiées où la relation tendue entre les masses est définie par la profondeur du «vide». Le contrôle de cet équilibre instable entre corps et interstice, permet de révéler ce moment de vérité où les éléments commencent à (co)exister dans un «espace» majeur en constante mutation.